Article rédigé par Diane Fernandez

Depuis plus de 2 semaines, l’économie française connaît une timide reprise, avec une réouverture progressive des entreprises. Après deux mois de confinement, les pertes économiques s’élèvent à 120 milliards d’euros d’après l’Observatoire française des conjectures économiques (OFCE). Afin de relever l’économie, certains secteurs, comme celui du conseil et de l’expertise comptable sont mis en avant. Comment ces secteurs vivent les transformations de l’économie ? Comment peuvent-ils porter les entreprises françaises ?

Bruno Le Maire l’a ainsi annoncé, le 22 mai, sur Europe 1 : « Il y aura des faillites et il y aura des licenciements dans les mois qui viennent. »

Jusqu’à présent, le gouvernement avait mis en place un plan de 110 milliards d’euros et plus de 80 milliards d’euros de prêts ont été accordés pour les entreprises en difficulté. Néanmoins, Bercy envisage de réduire fortement les dépenses pour celles-ci à partir de juin. Sans aides de l’État possibles, de nombreuses sociétés doivent donc improviser en développant de nouvelles stratégies. Pour ce faire, de nouveaux acteurs comme les cabinets de conseil, d’audit et d’expertise comptable sont là pour répondre aux besoins des entreprises et les guider dans cette phase de déconfinement.

Un secteur au chevet des entreprises

Le confinement a touché de plein fouet l’économie française, avec 12 millions de français en chômage partiel fin mai. En période de déconfinement, les entreprises doivent donc reprendre progressivement leurs activités, bien qu’endommagées.

Le rôle des cabinets d’experts comptables est donc plus crucial que jamais dans cette période de reprise des entreprises. Ces derniers ont pour but de tenir les comptes de plusieurs sociétés, afin d’établir leurs bilans et de les conseiller sur de possibles améliorations. Ils indiquent ainsi aux entreprises leurs leviers d’action afin de continuer leurs activités tout en réduisant leurs coûts.

Comme l’a confié Charles-René Tandé, président du Conseil supérieur de l’Ordre des experts-comptables au quotidien Actuel Expert-Comptable, le secteur n’a pas été trop impacté par l’épidémie mondiale : « Dans toutes les périodes de crise, on a du travail pour aider nos clients. On est en surcharge d’activité, en tout cas en temps passé sur les dossiers. »

Ce secteur a donc connu une forte activité. Pour pouvoir y faire face et satisfaire les entreprises, de nombreuses solutions ont été mises en place. Ainsi, un « SOS cabinets » pour les experts-comptables ayant du mal à répondre aux attentes des entreprises a été installé. De plus, le site « Infodox expert » a mis en place une foire aux questions pour répondre aux questions des experts-comptables mais aussi des firmes.

De leurs côtés, les cabinets de conseils en stratégie ont aussi pris des mesures, favorisant notamment le télétravail. Ainsi, le cabinet Boston Consulting Group a tout de suite mis en place des conférences téléphoniques pour pouvoir conserver le contact avec les entreprises. De plus, une cellule Covid-19 a été créée pour assurer le lien dans cette période exceptionnelle et transmettre des conseils en stratégie et en organisation d’entreprises.

Un secteur qui a dû se réinventer

Ce secteur n’a pas subi de plein fouet la crise économique. Néanmoins, afin de survivre, il a dû se réinventer et faire face à de nouvelles problématiques.

Une des raisons qui explique cette survie du secteur concerne sa flexibilité. En effet, de nombreux cabinets étaient déjà en télétravail partiel avant le confinement. C’est le cas de Michaël Fontaine, président du cabinet d’expertise comptable et de commissariat aux comptes MF & associés. Dans un interview du quotidien Actuel Expert-Comptable, il affirme que le télétravail permet de « laisser la liberté aux collaborateurs pour choisir l’organisation dans le temps sur la base de la confiance. » De plus, le télétravail a pu être un moyen pour le cabinet de continuer à tisser des relations avec les entreprises : « ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de contact physique avec le client qu’il n’y a pas de contact. On a maintenu la proximité en permanence avec le client. »

Pendant le confinement, les réunions avec les entreprises se sont faites de manière virtuelle, afin de conserver un suivi constant. La plupart des documents ont été digitalisés, ce qui a permis de fournir un travail constant malgré cette période de transition. De plus, le besoin des entreprises en période de crise a provoqué un afflux de demande. C’est le cas pour la plateforme Inex Web qui permet aux entreprises d’avoir accès à leurs données comptables et financières, qui a enregistré une hausse de 23 000 nouveaux clients, selon le journal Les Echos.

Malgré un succès de ce secteur lié au télétravail, de nombreux cabinets envisagent à long terme un retour au travail en présentiel. Selon l’étude WorkAnyWhere produite par ChooseMyCompany, 42% des salariés se considèrent moins reconnus en télétravail. Pour les collaborateurs, les cabinets sont un moyen d’échange et permettent de conserver une structure. Le but est donc de pouvoir revenir en présentiel, tout en accordant plus de place au télétravail.

Le seul problème a envisagé pour le futur, concerne la solvabilité des entreprises qui reçoivent ces prestations. En effet, les comptes de nombreuses sociétés, après plus de huit semaines sans activité, se trouvent fortement endommagés. Certaines bénéficient de prêts garantis par l’État (PGE) et peuvent donc payer les services fournis par ces cabinets. Néanmoins, de nombreuses ne le possèdent pas et peuvent devenir un risque pour le secteur si elles n’ont pas les moyens de payer les prestations. Ainsi, à long terme, les cabinets pourraient connaître plus de difficultés, en raison des impayés de nombreux de leurs clients.

 

Au vu de cette crise, le secteur de conseil et d’expertise a permis aux entreprises de garder de l’espoir et une ligne de conduite. Grâce à une réorganisation rapide et efficace du secteur, en favorisant le télétravail, les cabinets se sont montrés aptes à gérer cette crise et à trouver des solutions pour les entreprises. Cette efficacité a été nécessaire pour subvenir aux besoins des firmes qui reprennent progressivement leurs activités.
Néanmoins, selon Arnaud Marion, un spécialiste du management de crise et du redressement d’entreprises en difficulté, la crise ne fait que commencer. De nombreuses entreprises auront donc besoin de cabinets de conseils spécialisés en redressement ou restructuration d’entreprises, comme Eight Advisor. Le pic devrait arriver quelques temps après la fin des aides de l’État, en juin. Ainsi de nombreuses sociétés pourraient se retrouver dans des situations extrêmes et cela pourrait avoir un impact, à long terme, sur le secteur des cabinets d’expertises, de conseil et d’audit.

Sources : Les Echos, Le Monde, Le Figaro, Actuel Expert-Comptable, apconsulting-france.