Article rédigé par Diane Fernandez

Le 11 mai. Une date qui résonne dans l’esprit de tous les Français. Partout, les entreprises s’apprêtent à rouvrir leurs portes. Après deux mois de confinement, le bilan est sans appel : le PIB se contractera de 8% en 2020 selon le gouverneur de la Banque de France. La France, quant à elle, sombrera dans sa pire année de récession depuis 1945. Comment l’économie française pourrait-elle se relever ? Sous quelles conditions les entreprises pourront-elles redémarrer ?

Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire l’a annoncé le 23 avril sur Franceinfo : « Nous souhaitons que tous les commerces puissent rouvrir le 11 mai, par principe d’équité, je laisse simplement de côté la restauration, les bars et les cafés qui feront l’objet d’un traitement spécifique. »

Le 17 mars, afin d’endiguer la crise sanitaire du Covid-19, la France a dû prendre des mesures de confinement qui ont entraîné la mise à l’arrêt de l’économie pendant deux mois. 95% des entreprises ont réussi à se reconvertir dans le télétravail. Mais certains secteurs, où la présence sur place est nécessaire, aperçoivent enfin le bout du tunnel.

C’est le cas pour les chantiers du secteur du bâtiments et travaux publics (BTP). Ils ont pu reprendre à faible intensité début avril, tout en respectant la règle de distanciation sociale qui oblige à un mètre minimum de distance entre les employés. Le secteur, à l’arrêt depuis le 17 mars, a publié le 2 avril son guide de normes et de sécurité sanitaire. Les prévisions estiment que 80% des chantiers reprendront le 11 mai.

L’industrie s’est aussi préparée à un retour au travail. Pour Toyota, le retour a été fixé le 21 avril et Renault a rouvert 3 de ses usines françaises. Airbus a tout de suite mis en place une sécurité sanitaire, en désinfectant ses locaux et en garantissant 10 millions de masques pour ses employés. Veolia compte sur une prochaine ouverture de ses usines avec un protocole de retour progressif et des normes sanitaires strictes comme la prise de température systématique.

Enfin, les entreprises de coiffure ne sont pas en reste. Les coiffeurs pourront rouvrir leurs portes le 11 mai, pour le bonheur de 60 millions de français. Néanmoins, hors de question de laisser les conditions d’hygiènes de côté ! La reprise d’activité du secteur a été validée, le 23 avril, sous réserves de conditions d’hygiènes strictes. Ainsi, les coiffeurs, tailleurs, barbiers se verront obligés de porter un masque ainsi qu’une visière en plastique, pour plus de protection. La distanciation sociale sera aussi préconisée.

Néanmoins, les secteurs du tourisme, de l’hôtellerie ou de la restauration resteront fermés le 11 mai. Certaines entreprises, pour amortir la perte économique, ont mis en place la livraison à domicile comme les fleuristes ou certains restaurants. Enfin, les librairies sont autorisées à vendre des livres tout en respectant la distanciation.

Le plan sauvetage des entreprises 

Malheureusement, ces alternatives ne réussissent pas à pallier le manque à gagner de ces secteurs. Plus de 9 millions de français se sont retrouvés au chômage partiel et le nombre de demandeurs d’emplois a progressé de plus de 7% depuis le début du confinement.

Pour soutenir l’économie, le Parlement a adopté le 23 avril le deuxième projet de loi de finances rectificative (PLFR). Le gouvernement a donc engagé un prêt de 110 milliards d’euros, divisé en plusieurs tranches.

Ainsi, 40 milliards seront réservés aux services publics, notamment les hôpitaux, en première ligne dans cette crise sanitaire. Pour soulager un temps l’économie, 24 milliards seront dédiés au chômage partiel de 9 millions de français. 20 milliards seront utilisés pour les entreprises stratégiques en difficulté, comme la compagnie aérienne Air-France-KLM. Enfin, 7 autres milliards seront en faveur des PME ainsi que des indépendants.

Le 5 avril, dans un entretien accordé au Journal du Dimanche, Bruno Le Maire avait annoncé qu’en l’espace de 3 jours, 450 000 petites entreprises avaient sollicité le fond de solidarité. Il s’agit d’un fond qui prévoit 1500 € en cas de forte baisse du chiffre d’affaires. Bercy a décidé d’élargir ce programme, afin de prendre en compte toutes les entreprises dont le chiffre d’affaire a baissé de plus de 50%.

Pour les entreprises qui n’arriveraient toujours pas à s’en sortir, les délais de dépôt de bilan auprès du tribunal de commerce ont été allongés de 3 mois après la fin du confinement au lieu de 45 jours. Cela pourrait permettre à certaines entreprises de profiter de l’été pour renflouer les caisses.

Car, pour cet été, l’heure sera à la solidarité. Comme l’a énoncé la ministre de la Transition écologique et solidaire Élisabeth Borne dans une audition de la commission des Affaires économiques du Sénat début avril, « on peut recommander aux Français de profiter de notre beau pays pour les prochaines vacances, ce qui aidera aussi le secteur du tourisme. »

Les voyages à l’étranger sont donc fortement déconseillés et les Français invités à visiter les régions de France, de la Bretagne au Sud-Ouest pour permettre aux secteurs de l’hôtellerie et de la restauration de se renflouer.

Un nouveau système possible 

Alors que la crise sanitaire commence à ralentir en France, laissant un pays meurtri avec plus de 20 000 décès déclarés, la pandémie pourrait être un moyen de revoir notre système économique.

Le télétravail a fait ses preuves, avec plus de 95% des employés de quelques 500 entreprises le pratiquant. Malgré quelques problèmes de connexion et des serveurs parfois saturés, certaines entreprises y trouvent leurs comptes. C’est le cas d’Axa, qui a réussi à délocaliser 100% de son activité en télétravail. Une réussite qui laisse peut-être envisager une place plus importante du travail numérique dans le futur.

L’heure sera également au changement économique et écologique. 2020 était pour la Commission Européenne l’année de tous les défis. En effet, le Green Deal devait arriver à une proposition de loi neutralité carbone en 2050. Et si la priorité est à la relance économique européenne, il serait temps d’inclure dans cette relance un aspect écologique essentiel.

Le 11 mai représente la fin du confinement et le début d’une liberté progressive. Ce sera aussi l’heure pour les entreprises de repenser à un tout nouveau modèle économique. Entre distanciation sociale et conditions sanitaires impeccables, elles pourront rouvrir au public progressivement et par secteur. Bien que la sécurité sanitaire soit la priorité numéro un, la Confédération Française démocratique du travail (CFDT) et la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) ont indiqué des inquiétudes pour les salariés face à un risque sanitaire toujours présent. Afin de garantir une relance économique, les français devront à nouveau jouer la carte de la solidarité et celle du respect des règles sanitaires.

Sources : Le Monde, Ouest France, Les Échos. 

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